Thursday 5 January 2012

Les Fugees: classique, nostalgique!

  Certaines chansons sont inoubliables, indétrônables et intemporelles. La scène hip hop internationale d'aujourd’hui compte, certes,  de grands noms qui n’ont pas à rougir de leurs créations ou de leurs prestations. Mais quand le standard est trop élevé, il est dur d’apprécier d’autres musiques que ses vieux classiques, qui mènent la vie dure aux petits nouveaux.
  Les Fugees, apparus au milieu des années 90, ne semblent pas se démoder. Pire, ils manquent à une horde de fans, prêts à reprendre en chœur quelques-uns de leurs plus grands tubes que sont “Ready or not”, “Fu-gee-la” (voir vidéo) ou “killing me softly”. Le grand Wyclef Jean, la divine Lauryn Hill ou l’énigmatique Pras Michel n’ont pas disparu, ils coulent juste des jours heureux, se complaisant dans une carrière individuelle et parfois talentueuse, reléguant l’époque Fugees a un passé musical indétrônable mais révolu.


  Ils ont certainement marqué une génération entière de jeunes, attirés par le hip hop et le rap. Et ce à une époque où ces genres étaient en pleine expansion et tendaient à exprimer les frustrations et les aspirations d’une jeunesse « globalisée ». Une jeunesse admirative du « géant musical  américain », et fascinée par quelques-unes de ses plus grandes figures, Notorious Big, Tupac, Mos Def ou Nas


 Les Fugees apparaissent alors comme un OVNI en 1993, partagés entre textes virulents, morceaux rappés, et mélodies travaillées ou reprises surprenantes appartenant plus au rythm and blues ou au jazz des années 80, voire même parfois au reggae.
  Imprégnés des problématiques d’immigration et d’intégration, les Fugees se font également les porte-voix d’une partie de la population américaine, d’origine étrangère, et de ses revendications. Leur légitimité dans ce domaine et surtout le fait de leur histoire : S’ils sont tous trois d’origine haïtienne, Pras Michel et Wyclef Jean sont réellement des refugiés de cet état et sont venus aux Etats-Unis dans le seul but d’avoir un avenir plus prospère. 
C’est d’ailleurs ce qui leur donnera leur nom de scène, « Fugees » étant le diminutif de « Refugees » (réfugiés). Marqués par l’esclavage et l’oppression endurés par cette île  pendant plusieurs siècles, ces sujets  seront récurrents dans leur musique aussi bien que dans leurs actions publiques.

  Leur premier album, « Blunted on Reality », sorti en 1994, n’est pas un franc succès, et ne sera reconnu qu’après la sortie de leur second opus « The Score », en 1996. Si « Blunted on Reality » représentait plus un premier jet, une recherche de style travaillée mais pas vraiment aboutie, il compte tout de même des morceaux de génie comme «Nappy Heads» et « Vocab». 


Pour les fans qui l’ont découvert après « The Score », le résultat est plutôt surprenant. Leur rap est dur et explosif, et rien n’indique un intérêt pour d’autres genres musicaux ou une tendance a l’éclectisme comme celle qui fera le succès du deuxième album.


 En effet, avec des reprises géniales telles que « Killing Me Softly » de Roberta Flack ou « No Woman No Cry » de Bob Marley et the Wailers, et des samples qui donnent une toute autre dimension à ces dernières, « The Score » ne pouvait aboutir qu’a un succès écrasant! Et c’est d’ailleurs ce qui s’est passé, avec l’obtention de deux Grammy Awards en 1997 : meilleur album rap, et meilleure performance vocale R&B par un groupe, avec « Killing Me Softly ». « The Score » est d’ailleurs reconnu comme l’un des albums de hip-hop les plus vendus de tous les temps avec plus de 31 millions d'exemplaires.

   Alors, que sont devenus Wyclef, Lauryn et Pras ? Apres une séparation en 1997 pour une raison  inconnue, chacun débute une carrière solo. L’album de Lauryn Hill, « The Miseducation of Lauryn Hill », remporte un franc succès et Wyclef devient producteur pour de nombreux artistes (Canibus, Destiny's Child et Carlos Santana) et enregistre son album « The Carnival », qui a, lui, connu un succès relatif. Mais certains de ses duos, notamment avec Carlos Santana (« maria maria ») ou Mary J Blige (« 911 ») sont des petits bijoux musicaux. 


Pras, avec Mya et Ol' Dirty Bastard, enregistre l’entraînant « Ghetto Supastar » pour la bande son de « Bulworth » avec Warren Beatty et Halle  Berry. Il se fera ensuite plutôt rare sur la scène musicale américaine.
  Plusieurs réunions ont fait croire à la possible reformation du groupe, notamment leur tournée européenne en 2005, ainsi que l’enregistrement des titres « Take It Easy » ou « Foxy », bien moins reconnus que leurs précédents. La reformation semble aujourd’hui impossible, notamment à cause des conflits internes de plus en plus soupçonnés. Ne reste plus qu’à espérer un retournement de situation, ou peut-être plutôt une éventuelle relève, que certains reconnaissent chez les Black Eyed Peas. Mais décidément, les classiques ont la dent dure…

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